Petits éditeurs – Sélection Mars 2012
Retrouvez la sélection mars 2012 de la Commission Petits éditeurs de BiB92
Caucase, Moyen-Orient… Les noms des personnages et les descriptions nous font hésiter entre ces régions, au début du récit : il est question de frontières, de zones de conflits, d’intervention internationale, d’une mystérieuse Organisation…. Puis, des noms clairement inventés définissent le genre imaginaire de ce bel objet littéraire.
Structuré en tableaux, (« Jennifer Goranitzé », « Danse », « Maladies »…), Danse avec Nathan Golshem, le livre décrit l’amour inaltérable d’une veuve pour son mari.
Récit irréel, poétique, halluciné, inventif et drôle… Un régal, qui demande parfois des efforts, car le style peut désarçonner, mais cela en vaut la peine.
BASSMANN, Lutz (alias Antoine VOLODINE). - Danse avec Nathan Golshem. -Verdier. - 185p. - 16 €
République de Moldavie, 1980 : le quotidien soviétique vu et ressenti par un écolier, Sasha.
Il faut s’accrocher un peu pour entrer dans le récit, qui parfois est déroutant et donne un sentiment d’étrangeté inconfortable. Mais c’est aussi tout son intérêt, car c’est un reflet de ce que ressent cet enfant, dans cette société parfois bien étrange que fut l’Union soviétique. Et c’est passionnant : on est dans la tête et dans la peau de ces enfants, on voit avec leurs yeux, la façon dont ils vivent leur quotidien et comment ils perçoivent notre monde à nous, l’Ouest maléfique.
C’est un excellent témoignage des effets de la propagande politique d’une dictature sur l’esprit des enfants, en même temps qu’un portrait pertinent d’une époque et d’un monde disparus… Sauf dans la mémoire de ceux qui ont vécu au temps de l’Union soviétique.
BASTOVOI, Savatie. - Les lapins ne meurent pas. - J. Chambon. - Traduit du roumain (Moldavie). - 299 p. - 22 €
Cet éditeur découvre des textes inattendus. Ce petit livre est admirable par son écriture et son sujet : un amour impossible dans les années 50 à Alger.
David, un jeune menuisier, et Malek, une bibliothécaire, tombent follement amoureux. Mais, elle est musulmane et il est juif... En plus, nous sommes au début de la guerre d’Algérie, ce qui complique les relations. Il est bien montré dans le roman que juifs et musulmans cohabitaient, chaque communauté de son côté, en paix, depuis toujours dans ce pays, mais la guerre a changé la donne.
Dans la première partie, c’est la voix de David qui parle de façon lyrique de leur amour et de l’opposition familiale et sociale grandissante autour d’eux à cause de leur différence de religion et parce que l’amour libre est interdit. Peu à peu, la pression le conduit à vouloir renoncer à cette relation.
Malek meurt et David reçoit des textes écrits par la jeune femme qui voulait vivre sa vie, lire, apprendre et être libre. Textes vibrant d’amour,une sorte de cantique des cantiques.
Dans la troisième partie, la vie reprend, David, contraint par sa famille se marie et est sauvé par la naissance d’une petite fille. Les événements et la fin de l’Algérie française sont racontés de façon poignante, ainsi que le sentiment d’avoir tout perdu : son amour, sa patrie et son identité.
C’est un très beau roman, lyrique, témoignage d’un amour.
Seule réticence : il y a deux sujets dans ce livre, le récit unique de cet amour, et la vie d’une famille de pieds-noirs juifs au moment de l’Indépendance. Cela retire de la force au récit de la passion qui a uni les deux personnages.
1er avis :POUR
A Dublin de nos jours :DermotBolger dresse l’autoportrait de Sean Blake, avant et après un grave accident, qui le met cliniquement mort. Le photographe, marié, deux enfants, survit,mais sa vie ne lui convient plus. Le choc de l’accident le replonge dans son enfance et dans un passé qu’il avait volontairement oublié. A 11 ans, il apprend qu’il a été adopté. On suit des épisodes, où il se revoit enfant, ses débuts dans la photo. Parallèlement, Elisabeth sa mère biologique, vit en Angleterre. Mère célibataire, enceinte à 19 ans dans l’Irlande des années 50, c’était fauter et ces femmes étaient rejetées de leur famille. Elles se retrouvaient dans un couvent avec des religieuses qui les obligeaient à abandonner leur bébé. Le film « Magdalenesisters » de Peter Mullan illustre bien cette époque. Mariée, bien qu’ayant eu d’autres enfants, toute sa vie Elisabeth recherchera son fils « Francis » après plusieurs fugues et diverses tentatives auprès de la responsable du centre d’adoption. De son côté, Sean entame un douloureux travail de recherche pour découvrir l’identité de sa mère ainsi que la sienne. Il part sur ses traces et mène une longue enquête dans les églises, dans le jardin botanique. Malheureusement, sa mère décèdera avant de l’avoir retrouvé, anéantie par la maladie et le chagrin. Nos deux héros tout au long du roman sont confrontés à « Une seconde vie ».
2emeavis :CONTRE
Sean Blake apprend à onze ans qu’il a été adopté. Après une révolte d’adolescent, il enfouit le traumatisme créé par cette découverte au plus profond de son être, au point de n’en avoir jamais parlé à sa femme ou ses amis proches.
A la suite d’un grave accident de voiture, il voit la vie différemment et comprend enfin que chercher à retrouver cette mère qu’il n’a jamais connue, ne changera en rien l’amour qu’il porte à ses parents adoptifs aujourd’hui disparus. Cette recherche est indispensable à sa reconstruction et à celle de sa propre famille, car il est marié et père de deux enfants.
Parallèlement, sa mère biologique, malade, s’accroche à la vie parce qu’elle est persuadée que son fils la retrouvera. Elle aussi a tu son terrible secret, ni son mari ni ses filles n’ont jamais su qu’elle avait eu un petit garçon. A cette époque, sous couvert de droiture morale et chrétienne, l’Eglise et les familles bannissaient toutes ces jeunes filles, les obligeant à abandonner leur enfant. Les mères biologiques et les parents adoptifs étaient pris dans les rets de l’Eglise. La détresse des unes ne reflétait que la peur des autres, les services sociaux catholiques faisant une visite annuelle qui pouvait remettre en question l’adoption.
Ce sujet tenait tellement à cœur à Dermott Bolger qu’il a décidé de réécrire le livre paru en 1993 Le ventre de l’ange.
BOLGER, Dermot. - Une seconde vie. - J. Losfeld. - Traduit de l’anglais (Irlande). -256 p. - 21 €
Neuilly-sur-Seine, juin 1902 : le brigadier Berflaut, dont l‘épouse travaille pour M. Méliès, est invité à la projection de la dernière production du Maître. Mais voilà qu’en pleine séance, un incendie se déclenche :en veut-on à M. Méliès ? Au cinématographe ? S’agit-il d’un règlement de comptes entre forains jaloux ? Ou, pire, d’un acte antisémite ? Pour Berflaut, toutes les pistes sont à suivre…
Nouvelle enquête du commissaire Berflautpromu brigadier ! Nous découvrons l’histoire du cinéma et ses relations intimes avec le monde des forains, puisque les premières salles, on l’oublie trop souvent, étaient précisément les baraques, les bancs et la toile de ces forains (ou banquistes), toujours à l’affût de nouvelles créations. Amateur « éclairé » de cinéma et ayant de fortes attaches familiales dans le monde circassien, ce livre ne pouvait que me plaire !
Monde incroyable de l’imagination, univers impitoyable de la concurrence et de la dure loi du marché. Une intrigue historiquement irréprochable et on ne peut plus intrigante, il y a du Machiavel là-dessous !
Retour aux sources ? Il est étonnant que la présente histoire soit autant liée à une des premières enquêtes de Berflaut : Piège de feu à la Charité. On se souvient que le tragique incendie du Bazar de la charité en 1897 s’était déclenché au moment d’une projection de « vues animées ».
Alors, la boucle est-elle bouclée ? Le club des admirateurs de M. Berflaut, dont je fais partie, en serait fort contrarié ! Longue vie à notre commissaire préféré, qui sait si bien nous faire aimer Paris !
BONNEAU, Renée. -Meurtre au cinéma forain : sur les pas de Méliès. -Nouveau monde. - 216 p. - 17 €
En 2010, aux Etats-Unis,Epfrahim Bond, le conservateur du musée Edgar Poe de Richmond, en Virginie, est retrouvé assassiné. La découverte est particulièrement macabre ; son corps a été dépouillé de sa peau.Le cadavre d'un autre agent du musée est égalementretrouvé, dans la chambre forte du musée.
Félicia Stone, qui enquête sur l'affaire, découvre que Efrahim Bond, peu de temps avant, avait adressé à un laboratoire d'analyses spécialisé la reliure d'un manuscrit, dont l'auteur pratiquait des autopsies au XVIe siècle.Or, cette reliure avait été réalisée en peau humaine...
L'enquête mène Felicia jusqu'en Norvège, sur les traces de ce mystérieux manuscrit...
Entre le thriller historique et le thriller ésotérique, Le livre de Johannes est un récit captivant qui met en scène avec brio, imagination et érudition tous les ingrédients de ce type de roman.On ne s'ennuie pas une minute, et les rebondissements ne manquent pas ; l'épilogue, quant à lui, surprend…
Une facture donc classique, plutôt bien faite pour ce roman très documenté.
BREKKE, Jorgen. - Le livre de Johannes. - Balland, Thriller. - Traduit du norvégien. - 480 p. - 24,50 €
Alice et Cécile sont amies depuis la maternelle, et l’auteur raconte leur vie en nous imprégnant de l’atmosphère des années 60 à l’élection de François Mitterand : mode, musique, vie politique, rien ne manque aux souvenirs de cette génération.
Deux récits alternent : Cécile, du fond de son coma, suite à un accident de voiture, repasse sa vie en boucle et attend la visite d’Alice, alors qu’elles se sont brouillées.
Deux milieux très différents, une amitié fusionnelle, un même amour, Philippe, le demi-frère de Cécile, des secrets de famille et les aléas de la vie quotidienne.
Puis, le narrateur raconte le point de vue d’Alice, son monologue intérieur, ses soucis, son divorce en cours…
Il y a la vie familiale riche d’Alice, ses deux sœurs, ses parents aimants qui accueillaient Cécile comme leur fille.
De son côté, la vie de Cécile était plus complexe, un père avec plusieurs femmes, et surtout, un fils, âme damnée de la famille qui part à la dérive.
Peu à peu, on comprend ce qui a amené Cécile à cet accident fatal, et le rôle de son père dans la déliquescence de sa famille.
A petites touches, le temps passe, la narration fait des aller-retour d’une époque à l’autre, d’une vie à une autre. Révélations et secrets, tendresses et incompréhensions alternent. On sent la fuite du temps et l’usure de la vie.
L’écriture est précise et habile, et l’on est empli d’empathie pour les personnages. Cette sensibilité affectueuse paraît être la touche de l’auteur, comme on pouvait le ressentir dans son précédent roman La mer noire.
Davrichewy, Kéthévane. - Les séparées. - S. Wespieser. - 181 p. - 18 €
Le commissaire HjalmarLindtröm, la cinquantaine fatiguée, et Monika Gren, jeune policière stagiaire, sont sur une affaire de viol. L'histoire prend place dans la ville de Malmö. Yasmina Said, jeune femme d'origine palestinienne, est retrouvée morte dans un parc, après avoir été violée. Crime d'honneur ou meurtre isolé?
Hjalle et Monika commencent leur enquête en creusant du côté de la famille de Yasmina, immigrée en Suède. Ils découvrent qu’elle avait refusé un mariage arrangé, que sa famille ne la respectait plus, la considérant comme une fille de petite vertu. Hjalle découvre le journal intime de la jeune femme, et perçoit alors toute son intelligence, sa vivacité d'esprit et sa quête intense d'identité entre la culture suédoise et sa culture d'origine. Yasmina cherchait sa place entre les deux mondes, désirant avant tout être libre d'être qui elle était.
Fredrik Ekelund décrit avec précision les difficultés que peuvent rencontrer les communautés étrangères vivant en Suède, écartelées entre le désir de s'insérer dans la culture d'accueil,tout en veillant à ne pas perdre leur propre culture. Et c'est en cela que le roman est passionnant, la description de la société suédoise en proie à ses différences : la jeune policière stagiaire, d'origine coréenne adoptée par des Suédois ; Yasmina voulait être libre sans trahir ses origines, alors que ses cousins et son oncle avaient choisi l'isolement et la solidarité communautaire...Comment tous ces êtres différents de cultures différentes avec des histoires différentes peuvent-ils vivre ensemble, semble demander l'auteur. Et la réponse semble être davantage le choc et la violence.
Le commissaire Hjalmarincarne un peu le flic blasé, fatigué de toutes les horreurs qu'il a vues, mais conservant une capacité à la compassion. Quant à Monika, elle apporte sa vitalité au flic fatigué, qui a besoin d'elle pour y croire encore et avancer.
Polar suédois réussi grâce à ses personnages complexes et profondément humains, et à la description de cette société sombre envahie par la violence, la peur et le racisme.
EKELUND, Fredrik. - Le garçon dans le chêne. - Gaïa, Polar. -Traduit du suédois. - 238 p. - 21 €
Un petit garçon prêt à travailler pour acheter une guitare dont il rêve, un champion cycliste traumatisé à vie après avoir renversé un autre cycliste, un enfant amoureux de sa camarade de classe fidèle malgré la réaction de ses parents, un joggeur mis knock-out par une petite fille qu'il voulait secourir, un homme surpris de rendre heureux un Polonais à qui il avait vendu sa vieille bagnole…
Un recueil de nouvelles courtes (parfois très courtes) et tendres. Les personnages sont attachants et on ne voit que leurs côtés positifs.
Du même auteur : Mon vieux et moi.
GAGNON, Pierre. - J'ai vendu ma bagnole à un Polonais. -Autrement. - 153 p. - 12 €
Détective célèbre, Dan Sommerdahl ne peut rien refuser à sa fille : celle-ci voudrait aider sa prof d’arts plastiques à retrouver le gigolo qui lui a brisé le cœur et, accessoirement, vidé son compte en banque.
Parallèlement, le commissaire Torp, ami du détective, enquête sur la mort d’un jeune informaticien au-dessus de tout soupçon.
Comment deux affaires aussi dissemblables peuvent-elles être liées ? C’est ce que vous découvrirez en lisant ce second opus mettant en scène les talents du détective chauve, ex-designer dragueur devenu philosophe…
Grâce à l’auteur, nous entrons dans l’intimité de l’âme danoise. Voici le privé aux prises avec un escroc génial, qui surfe sur la vague des dames solitaires d’un certain âge. Voilà le policier qui tente d’ouvrir la porte d’esprits sectaires… Éternelle lutte entre la tradition et la modernité ! Une double enquête originale, menée tambour battant par deux hommes au caractère bien trempé : le policier zen et le privé à qui rien ne doit résister… Heureusement que les femmes rétablissent un semblant d’équilibre dans cette affaire complexe.
Grue, Anna. - Le baiser de Judas. - Gaïa, Polar. - Traduit du danois. - 396 p. - 22 €
1942, mouroir de Prokoven Ukraine : survivants des ghettos de leur pays, réduits à l’état d’ombres, les déportés roumains se retrouvent, parmi d’autres déportés juifs, dans cet univers hostile. L’un d’eux, Ranek lutte pour sa survie. Le quotidien confine parfois à l’absurde, mais les cauchemars sont bien réels.
Le style, mécanique et concis, quasi scientifique de l’auteur décrit et dérange. Inspiré de la propre histoire d’Edgar Hilsenrath qui passé quatre ans dans ce ghetto, celivre est un témoignage bouleversant, et, sans doute, l’œuvre de sa sur-vie. C’est à peine romancé, il y a du vécu là-dedans. Le récit de l’horreur de vies gâchées et de tortures inhumainesdevient vite insupportable. Occulté pendant vingt ans en Allemagne, Nuit est considéré comme le chef-d’œuvre d’Hilsenrath. Il sera difficile à conseiller, pas seulement à cause du sujet, très lourd en terme d’émotions. L’écrit a été vécu et atteint les limites de l’insoutenable. Déshumanisation, cruauté, faim, vol, meurtre pour une épluchure… Le froid dans tous ses états !
HILSENRATH,Edgar. - Nuit. - Attila. -Traduit de l’allemand. - 550 p. - 25 €
Le Svalbard, archipel de la Norvège situé à la limite des océans Arctique et Atlantique :une petite ville, Longyearbyen, isolée de tout, plongée pour plusieurs mois dans la nuit polaire, engourdie par un froid glacial, et traversée la nuit par les ours polaires, une toute petite capitale coupée du monde, reliée au continent par un unique vol quotidien.
Dans le jardin d'enfants, une petite fille disparaît. Les élèves ont l'habitude de se cacher dans les creux qui se forment entre les congères et les fondations sur pilotis des maisons. Ils réapparaissent très vite le plus souvent, mais Ella reste introuvable, de même que son père...
C'est l'émoi parmi la population. Après tout, dans cet univers clos, inhospitalier, si déroutant pour les étrangers, tout le monde se connaît, s'entraide ; chacun sait quelles tensions peut générer la nuit polaire, et à quel point certains peuvent être fragilisés par la rigueur du climat et le manque de lumière.
L'enquête s'oriente vers les mines, dangereuses, certaines sont même désaffectées ; on les dit hantées par le sixième homme, « celui qui suit les gueules noires au fond de la mine ».
Encore un polar venu du froid, certes... Mais quel dépaysement et quelle force dans l'évocation de la vie de cette terre du bout du monde.
L'auteur, première femme à avoir dirigé une expédition en Antarctique, livre ici une intrique réussie et une fine observation des conditions de vie de cette région où elle-même a vécu plusieurs années.
KRISTENSEN, Monica. - Le sixième homme. - Gaïa, Polar. - Traduit du norvégien. - 267 p. - 20 €
Après 30 ans d’absence, Konrad, appelé « le bâtard de Polack » revient dans la petite ville où il a vécu, en Finlande, car ses parents adoptifs ont été abattus. Il se replonge dans l’atmosphère étouffante de son enfance, renoue avec son interrogation permanente : qui était Agnès, sa mère biologique ; où est-elle ? Que s’est-il passé hier et aujourd’hui dans cette ville, car dès son arrivée un autre double meurtre est commis sur deux Albanais. Sont-ils les coupables, est-ce Konrad ? Celui-ci retrouve ses compagnons d’enfance, ceux de son quasi-frère, avec lequel il n’a jamais eu de bons rapports. L’étau de suspicion se resserre autour de lui, ce qui le décide à partir de lui-même à la recherche de ce qu’il sent de secret dans l’histoire locale, et plus ses recherches avancent, plus le climat est lourd de silence. Par recoupements et grâce au témoignage recueilli en prison d’un condamné avant son suicide, le puzzle peu à peu se reconstitue. A la fin, on saura où se trouve sa mère et le pourquoi des meurtres.
C’est typiquement un polar nordique avec ce qu’il faut de sociologie, politique, suspense et xénophobie. Les personnages et l’ambiance sont glauques, avec à peine un peu de rédemption à la fin après l’expiation.
(Attention à la traduction très médiocre par moments).
Lönnaeus, Olle. - Ce qu’il faut expier. - L. Levi, Policiers. - Traduit du suédois. - 394 p. - 21 €
De la fin du XIXe siècle à la guerre de 1914-1918, Auguste, né à Boudou, travaille comme souffleur du rôle de Cyrano de Bergerac. Sa rencontre avec le grand Louis, escroc notoire, le pousse à s'accomplir en tant que clown dans une version personnelle de la pièce de Rostand. Aux hasards de ses rencontres (Jouvet, Raimu, Le Bargy…), Auguste-Boudou erre dans le Paris artistique de la Belle Époque, mêlant fantasme, poésie et réalité. Un petit livre agréable et léger, original et réussi.
LuCE, Damien. -Cyrano De Boudou. -H. d’Ormesson. - 314 p. - 20€
Grande saga familiale dans l’Ouest américain au début duXXe siècle : tous les ingrédients sont présents : une famille d’émigrants tchèques, les vastes terres dures à conquérir et à travailler, les enjeux et rivalités entre les diverses communautés, la passion des chevaux, la dureté des sentiments, les secrets de famille et les amours impossibles.
C’est l’épopée des frères Skala, privés trop tôt de mère, élevés à la dure, harnachés comme des chevaux à la charrue par leur père. La vie est rude, les rivalités entre communautés entraînent des paris, dont les enjeux paraissent absurdes et dont les conséquences sont humainement douloureuses. Ainsi, une course à cheval truquée prive le plus jeune Skala de la femme qu’il aime et le fâche avec ses frères. Il faudra beaucoup de temps et des événements dramatiques pour que les quatre frères se réunissent à nouveau.
Le récit passe des années 1885 à 1910 et à 1924 avec des aller et retour, qui peu à peu donnent l’explication des événements. Cette structure est intéressante, car elle corse le récit et évite une pesanteur qui se serait installée avec la lourdeur des péripéties.Autant que la narration, la nature, les animaux, la terre brute ont leur place, ainsi qu’une certaine soumission à ses aléas.
L’écriture peut surprendre au début, les phrases sont très longues et travaillées, puis elle donne une respiration un peu hors d’haleine au récit. Le souffle et la puissance du livre en font un premier roman étonnant et digne des auteurs de Gallmeister, dans la lignée des grands auteurs de l’Ouest américain.
Machart, Bruce. - Le sillage de l’oubli. - Gallmeister, Nature writing. - Traduit de l’américain. - 334 p. - 24 €
Clarissa, une Londonienne, tombe sous le charme d’un manoir Tudor, niché dans le pays de Galles. Elle décide de conquérir le propriétaire, Thomas Mortimer, veuf quadragénaire, père de Megan, une adolescente qui veut partir au couvent.
La jeune femme s'installe au manoir, avec les deux charmantes tantes de son mari, qui l’accueillent très bien.Au début, tout semble normal. Puis, Clarissa remarque les attitudes parfois étranges des vieilles dames. En fait, la famille est tout aussi singulière que la demeure : Megan croit aux esprits des précédents propriétaires, tandis que les tantes vouent un culte à la Déesse ! Thomas s’avère être un homme peu passionné, alors que Clarissa espère tomber enceinte et que les tantes attendent une héritière… Pourquoi attendent-elles la naissance d'une fille ? La citadine fautera avec un homme marié et coureur de jupons. Georgy, la « meilleure amie » de Clarissa, vient rompre sa solitude quand le désenchantement commence à s’installer et est censée l’aider... Clarissane s'imagine pas qu’un piège se refermera sur elle. Ce personnage s’avère être une marionnette sans volonté ni caractère, qui se laisse manipuler sans peine par tous, aisément énervante pour le lecteur !
Les vieilles dames tissent leur toile l’air de rien, l’amie et l’amant ne sont pas moins retors : le manoir sera le théâtre d'un traquenard où l’on se demande qui l’emportera.
Un roman moins pétillant que les précédents, écrits au vitriol, (Meurtres entre sœurs et Le journal secret d’Amy Wingate) pourtant présenté par G. Collard comme un « petit bijou d’humour noir ».
Dans le même style : Ainsi soit-il de V. Moore (10/18).
Marsh, Willa. - Meurtres au manoir. -Autrement. - 274 p. - Traduit de l’anglais. - 19 €
1er avis : POUR
C’est l’histoire de deux sœurs de naissance, Ruth et Dana, nées le même jour, dans la même clinique, mais dans des familles que tout oppose. Tous les ans, celles-ci se réunissent pour célébrer cette sorte de lien sororal, en s’apercevant, un peu plus chaque fois, que bien des différences séparent ces « sœurs » et leurs parents respectifs.
Les narrations alternatives de Ruth et Dana rythment la lecture et nous captivent véritablement. Ainsi, nous découvrons progressivement enfance, adolescence, amours, angoisses et chagrins de chacune, existences aux contours identiques mais aux contenus des plus opposés. Pourtant, une révélation ébranlera à jamais cette opposition.
Difficile de quitter ce livre tant on se sent happé par ces deux voix qui progressent, en parallèle, vers la lumière de la vérité.
2eme avis : CONTRE
Dans une petite ville du New Hampshire, deux filles naissent le même jour. Ruth est grande, blonde et très douée pour le dessin. Dana est petite, ronde, brune et très terre-à-terre.
Ce livre suit le destin de ces « deux sœurs de naissance », leur enfance, l’éveil à la sexualité, la maternité, la perte d’un être cher… en gardant en trame de fond les Etats-Unis des années 50 à nos jours.
Tiré d’un fait divers, ce récit ne décolle vraiment jamais. Le dénouement est cousu de fil blanc. La trame historique pourrait être intéressante, mais n’est que survolée. Une lecture bien décevante, qui n’apporte pas grand-chose.
Maynard, Joyce. - Les filles de l’ouragan. - P. Rey. - Traduit de l’américain. - 329 p. - 20 €
Dans le vieux Mans, Lou, une jeune journaliste, trouve ses grands-parents assassinés dans leur maison. Ils ont été crucifiés, les chiffres 10 et 9 gravés sur leur front. Un policier lui apprend que son grand-père lui a laissé une lettre en guise de testament. Elle devient une riche héritière et actionnaire d’une étrange société la WAE(World Association of Education). Ses deux associés ayant été assassinés et portant les chiffres 8 et 7, les flics se focalisent sur la pauvre Lou.
Parallèlement,une jeune fille, Lisa a disparu. Sa mère Valérie ne voulant pas croire à une fugue car elle s’est disputée avec la veille, paie un détective privé pour la retrouver. Elle apprend que trois autres adolescents ont également été enlevés durant leur sommeil. Ces jeunes se réveillent dans un camp de redressement au Pôle Nord. Les traitements infligés à ces ados sont violents et révoltants. Y a-t-il un lien avec la Société WAE ? Tout le monde essaie de comprendre ce qui se passe et ce qui lui arrive.
Il y a beaucoup de rebondissements dans ce roman. Le rythme est très soutenu, et l’auteur nous entraîne dans une course contre la montre.
David Moitet, professeur dans un collège, nous confie que de tels camps existent aux Etats-Unis et que de telles entreprises ont été condamnées et plusieurs centres fermés. Le marché est évalué à 60 milliards de dollars par an. Très bon thriller.
Moitet, David. - Piège boréal. - Les nouveaux auteurs, Thriller. - 403 p. - 19 €
Antoine Piazza livre ses souvenirs de famille, mêlant histoire familiale et Histoire.
Il dresse notamment le portrait de ses quatre tantes nées au début du XXe siècle, au sein de la petite bourgeoisie provinciale, quatre tantes redoutables et fascinantes à la fois, qui sont les personnages centraux de ce récit. L’aînée est une maîtresse femme, prospère, installée à Maillac dans le Sud-ouest. La cadette est professeur de piano dans une institution catholique à Paris, et les deux dernières, infirmière et religieuse.
Avec ces personnages hauts en couleur, Antoine Piazza balaie le siècle, celui de sa famille à travers les bons mots des enfants jamais oubliés et perpétuellement répétés depuis, et ses secrets : photographies du maréchal Pétain cachées dans un grenier, médailles pour faits de Résistance, départs en autocar pour l'Espagne avec sa tante et voyage dans le Grand Nord... Tous ces souvenirs nous sont racontés dans le désordre, comme si l’auteur piochait dans sa mémoire.
Chaque famille a sa propre histoire. Antoine Piazza, avec son écriture précise s'empare de la sienne et en décortique minutieusement chaque épisode heureux comme malheureux.
2eme avis :POUR
Les sœurs sont les quatre tantes de l’auteur, dont l’histoire balaie le XXe siècle. Le chiffre est celui que l’on brodait sur le linge du trousseau des jeunes filles, lettres entrelacées comme ce récit qui va et vient dans le siècle et suit les sœurs selon leurs pérégrinations.
Annabelle a épousé un notable dans le Sud-Ouest, Armelle enseigne le piano à Paris et finit sa vie comme une sauvageonne dans les Alpes. Alice a été infirmière militaire et a à son actif un haut fait de résistance (un peu inconscient !). Angèle a quitté les ordres au grand dam de l’aînée « c’est chic d’avoir une sœur dans un couvent », et découvre la vie. Chacune était dotée d’un sacré caractère. Elles ont été élevées par un père autoritaire à principes strictes… sauf pour la veuve de l’étage supérieur avec laquelle une de ses filles découvrit qu’il avait des activités curieuses !
Nous croisons des cousins ruinés, une pauvre cousine qui n’arrive pas à se décider à divorcer et qui pleure dans la cuisine à tous les repas de famille. C’est la vie avec tendresse et humour. De la tendresse, on en trouve dans les propos de l’auteur sur son père.
Le récit, très romanesque, est rempli d’anecdotes, souvent ironiques sur la vie à ces différentes époques. On vit un raccourci d’Histoire à travers les petites histoires et mesquineries. On a parlé de Proust pour cette écriture, c’est juste pour la façon d’associer les souvenirs et de rebondir de l’un à l’autre, mais ce serait plutôt balzacien à mon avis, pour la peinture de l’époque. L’écriture précise et élégante, très travaillée, convient parfaitement au fond du roman, minutieuse comme la broderie des initiales sur le linge.
PIAZZA, Antoine. - Le chiffre des sœurs. - Rouergue, La brune. - 18 €
Aïta et sa famille (Ama, leurs 3 enfants, les grands-parents et les oncles) doivent quitter précipitamment l’Espagne, bientôt franquiste.Ils s’installent en France chez une amie, puis dans une ferme des Landes. Commence alors le voyage vers un ailleurs sécurisé mais pauvre, loin de la langue, de la terre natale et de leur culture. Ama, pour garder espoir sur un possible retour, pour lutter contre la fuite, pour ne pas sombrer, va écrire ses émotions, ses secrets, ses souvenirs.
Ce roman puissant, aux images fortes, intense, rappelle ce qu’est l’exil, comment il est vécu : leurs enfants s’adaptent vite, les activistes se battent, Ama et son mari travaillent, espèrent et s’usent à attendre un retour sur leur terre. Un jour, il faut accepter le non-retour, cesser d’évoquer le passé pour vivre le présent.
Dans ce roman, il y a toute la retenue d’une femme, qui écrit pour ne pas perdre le souvenir et pour advenir. Une belle histoire, touchante, généreuse et dont la fragilité est toujours présente, sans jamais tomber dans le pathos.
Recondo, Léonor de. - Rêves oubliés. - S. Wespieser. - 169 p. -17 €
« Le meilleur livre que j’ai lu cette année » :voilà la phrase d’accroche que l’on peut lire en quatrième de couverture, signée par un certain Harlan Coben… Du coup, comment ne pas être tenté de le vérifier ?!
Tim Wallace est un individu ordinaire, marié à Maggie et menant une vie paisible. Lors d’une sortie en mer, le couple est victime d’une étrange explosion de leur bateau. Si Tim est sain et sauf, sa femme, elle, reste introuvable. Plusieurs mois après, le désespoir de Tim reste intact, et sortir entre amis le soir du nouvel an relève du plus grand effort. Mais, c’est justement ce soir-là que les choses basculent : un inconnu l’aborde au bar et lui confie avoir tué quelqu’un. Vérité ou coup monté ? Se pourrait-il que le secret ait un lien avec la mort de Maggie ? Tim va mener sa propre enquête face à un policier certain de sa culpabilité.
Un thriller divertissant et fort bien ficelé.
ROSENFELT, David. - Toi seul. - Le Cherche midi. - Traduit de l’américain. - 349 p. -20 €
Après une absence de trente-cinq ans, vécue à New-York avec son mari, Ellen revient à Paris pour liquider l’appartement de son père après la mort de sa belle-mère. Dans l’avion, elle ressent un étrange malaise et sur place, elle renoue avec son passé avec nostalgie, et elle le voit avec « un léger déplacement », elle le ressent autrement. Elle pense avec tendresse à ce père silencieux, qui s’est remarié à la mort de sa femme et a introduit une femme plutôt vulgaire et son enfant, Stéphane, un peu ballot. Elle rencontre une voisine qui lui parle de sa belle-mère. Elle retrouve des documents qui l’éclairent beaucoup sur sa famille recomposée. Redevenue Hélène, elle se promène dans le quartier Saint-Germain, où elle retrouve les fantômes de sa jeunesse et le souvenir d’un grand amour platonique. On est plongé dans l’atmosphère des années 60, (musique, ambiance, guerre d’Algérie).
Hélène se sent de moins en moins bien, retrouve Stéphane, le rencontre et le reconnaît comme son demi-frère ! Elle change ses projets pour être en accord avec ce qu’elle a découvert de leur passé et de l’incompréhension de sa jeunesse. Elle repart pour redevenir Ellen avec son mari, mais… le léger déplacement, qui était sous-jacent en permanence, la rattrape.
C’est un très beau roman, fin, sensible, délicat. Tout est évoqué avec subtilité et ce léger déplacement est une trame habile avec plusieurs sens dans le récit. On avance mot à mot, image par image jusqu’audénouement.
Sizun, Marie. - Un léger déplacement. - Arléa, 1er/mille. - 281 p. - 20 €
Un jour, Georg Stransky, célèbre zoologue et professeur d’université, disparaît, après avoir croqué dans une pomme arrivée mystérieusement dans son salon, et contenant une drogue puissante nommée « Nuit magique »… Par la présence d’un fruit empoisonné, l’enlèvement ressemble à sept autres dont l’issue se révéla fatale : la police avait retrouvé les victimes mortes assassinées, chacune possédait dans une poche une petite figurine de Batman…
Lilli Steinbeck, une commissaire redoutable, souhaitant avant tout sauver la vie de Stransky, n’hésite pas à prendre des décisions rapides et même surprenantes… Accompagnée d’un détective grec, elle se rend à Athènes car chacune des victimes, dont le professeur, avait séjourné dans cette ville. En affrontant le danger, elle rencontre des personnes impliquées dans les enlèvements, et apprend que l’affaire sur laquelle elle travaille n'est qu'un jeu cruel où la victime devient une marionnette entre les mains de deux équipes.Pour poursuivre son enquête, Lilli Steinbeck quitte donc Athènes pour partir au Yémen...
Un excellent polar, où humour et suspense font bon ménage. Même si l'intrigue ressemble à un jeu d'échecs et les situations paraissent absurdes, le texte reste cohérent et intéressant.
STEINFEST, Heinrich. - Le onzièmepion. - Carnets Nord. - 409 p.-Traduit de l’allemand (Autriche). - 20 €
Deux tueurs à gages sans scrupules sont chargés d’éliminer un homme, et d’effacer leurs traces. On les retrouve périodiquement dans le récit pour leurs missions suivantes.
Thomas Kessler débarque en Chine en 2009 pour enquêter sur le lait contaminé. Il apprend le suicide d’un responsable du contrôle alimentaire. Mais la courtisane de ce dernier lui confie qu’elle pense que c’est plutôt un crime. Quand elle disparaît, Thomas Kessler a du mal à ne pas y voir de coïncidences… Son statut d’étranger parlant la langue l’aide, mais ses recherches dérangent et évidemment, les deux tueurs le pistent, et il se retrouve aux mains de militaires sans états d’âme. Les amis du journaliste sont tout aussi menacés.
Qui est impliqué dans ce trafic mondial lié aux biotechnologies ? On (re)découvre des problèmes de pollution, de manque d’eau et de céréales, et des OGM ; toutes ces questions concernent en réalité la planète entière.
Cette troisième aventure de Thomas Kessler est très agréable à lire, documentée, réaliste et cocasse par moments.
VATINEL, Pascal. - Environnement mortel. -Rouergue. - 344 p. - 22 €
Katie Drake, mère de famille et actrice déchue est retrouvée assassinée dans le jardin de sa maison de Londres. Naomi, sa fille de 14 ans a disparu, une autre femme est découverte assassinée dans sa maison alors que son mari gît mort dans le jardin. Leur fille, à l'école lors des faits, a pu être épargnée. Même mise en scène du crime...
A peine remis des blessures de sa dernière enquête où il a failli perdre la vie (cfle précédent livre Code 1879), l'inspecteur Grant Foster est chargé de cette nouvelle affaire. Il n'a qu'un indice, un cheveu retrouvé sur Katie Drake. L'inspecteur décide de contacter Nigel Barnes, un jeune généalogiste naïf avec lequel il avait déjà travaillé, pour retrouver la famille de Katie Drake. Quand les analyses d'ADN du cheveu révèlent que l'assassin et Katie Drake sont de la même famille, l'enquête prend une autre tournure, et Foster demande à Nigel d'approfondir ses recherches généalogiques et de reconstituer l'ascendance de la femme.
Dan Waddell réussit ici un polar passionnant, de Londres à l'Utah, grâce à l'usage de la généalogie pour aider à résoudre une enquête. Il l'avait déjà fait dans Code 1879, il réitère l'expérience, et le résultat est toujours aussi captivant. Découvrir l'histoire des ancêtres de Katie Drake permet de mieux saisir l'influence du passé sur le présent et l'avenir des descendants. L'auteur alterne les investigations sur le terrain avec les scènes de crimes, témoins à protéger, vie nocturne du policier, etc. et les recherches du généalogiste. Ce savant mélange apporte toute la particularité et la richesse au roman de Dan Waddell, en plus de ses personnages bien campés et attachants. Un plaisir de lecture.
Série : Les enquêtes du généalogiste, vol. 2 (Code 1879, vol. 1)