Commission Petits éditeurs d'octobre 2024

Commission Petits éditeurs BiB92 - Sélection octobre 2024

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Rose se sent seule en 1957 à Toulon, près de son mari, sans communication, ni tendresse. Elle se tord la cheville et Farida la raccompagne chez elle. C’est le début d'une belle et longue amitié entre ces deux femmes déracinées. La narratrice, Rose, est née en 1903 en Corse, se marie et tombe enceinte à 16 ans d’un berger. Le couple quitte l’île en 1924, en quête d'une vie meilleure et s'installe à Toulon. Ils vivent en face du bidonville où vit Farida qui veut cacher qu’elle vit dans un baraquement comme de nombreux immigrés algériens. Grâce à elle, Rose oublie son quotidien et ses chagrins. Farida croit aux djinns et a un œil de perdrix tatoué, qui la protège des mauvais sorts. Ces deux femmes se ressemblent : expatriées que la vie n'a pas ménagée, analphabètes, dépendantes de leur mari. Leur rencontre est un horizon qui s'ouvre. Un lien puissant se noue, mêlant amitié, solidarité, quête d'identité ; Farida permet à Rose de s'émanciper en l'incitant à apprendre à lire à plus de soixante ans et à écrire. En croisant Farida, Rose découvre un autre monde et se transforme. Des dates historiques s'imbriquent dans le roman ; les années défilent, on suit de loin les « événements », la guerre d'Algérie et l’indépendance. Rose ouvrira les yeux sur la condition des femmes et s'engagera pour plus de justice. Le contexte social joue aussi un rôle : c'est la misère qui a poussé les femmes à s’exiler. L’auteur retrace le parcours de femmes attachantes avec leurs blessures, qui n'ont pas choisi leur vie et cherchent leur place. Il se glisse avec une grande pudeur dans la peau de Rose. Un magnifique roman d'amitié, d'humanité et d'émancipation. Une histoire bouleversante aux personnages émouvants.
Astolfi, Christian. - L’œil de la perdrix. - Le Bruit du monde. - 240 p. - 21€


Alice a 14 ans quand elle est hospitalisée en pédiatrie pour anorexie mentale. Dans cette « machine à broyer les enfants », elle est déterminée à en finir : « Demain, je leur donnerai raison. Je me suiciderai. » Avant, elle veut laisser une trace et livre dans son journal toutes ses émotions et sa rage. Plutôt que de lui apporter une aide psychologique, le personnel la gave pour qu’elle survive. On retrouve la pesée quotidienne, la menace de passer en psychiatrie. On est sidéré par les traitements effrayants et révoltants, totalement inadaptés. Alice ne comprend pas pourquoi on la "séquestre", elle pense que ses parents se sont débarrassé d'elle, ils ne voient pas son mal-être. Peu à peu, Alice obéit à Sissi, une voix intérieure maléfique qui la fait se détester encore plus. Elle raconte son quotidien : les lieux, les infirmiers, ses parents, ses traitements. Elle dissimule des cutters avec lesquels elle se scarifie. Placée en psychiatrie, elle est isolée, attachée et assommée de médicaments. On mesure l'ampleur des souffrances endurées et pourtant l’autrice avoue avoir évité les épisodes les plus cruels. Ce récit autobiographique éprouvant est un uppercut. L’adolescente nous livre sa colère, son désespoir, sa résistance et son impuissance. On est happé par le style violent, au scalpel. L’auteure donne sa vision de la maladie, dénonce le comportement des services hospitaliers, le manque d'écoute et de discussions. Un premier roman époustouflant comme un cri, pour expulser la douleur. Un texte très émouvant qu’on n'oublie pas. C'est terrible, glaçant, foudroyant.
Develey, Alice. - Tombée du ciel. - L’iconoclaste. - 399 p. - 21 €

L’auteur tente de reconstituer, à partir de leurs carnets, de leurs lettres et de photos ainsi que de leurs souvenirs, l’histoire de ses parents, durant la Seconde Guerre mondiale. Malgré sa connaissance parfaite de l’Histoire de cette période et en dépit de ses recherches, l’histoire de sa famille et en particulier de son père, reste lacunaire. Il alterne les chapitres sur sa mère et sur son père à la deuxième personne du singulier, ce qui lui permet de se mettre à leur place. Sa mère était enfant pendant la guerre et a dû fuir vers le centre de la France. Quant à son père, il fut enrôlé de force par les nazis dans la Wehrmacht à 17 ans, puis dans la Waffen-SS. Il fait partie de ces « Malgré-nous », contraints de combattre contre leur camp, sous peine de représailles envers leur famille, ces 13 000 Français que n’évoquent pas les manuels scolaires. Il témoigne de l’Histoire de sa région natale et de ses habitants contraints de changer sans cesse de nationalité: tantôt Allemands, tantôt Français, ils peinent à trouver une identité. Ils parlent un dialecte, le platt, dont les sonorités ressemblent à l’allemand. Dès le titre et sa référence à la Marseillaise, l’auteur ironise sur la guerre dont il critique l’horreur : les soldats utilisés comme chair à canon, les humiliations, le cauchemar de la bataille des Ardennes.
Egloff, Joël. - Ces féroces soldats. - Buchet Chastel. - 235 p. - 20,50 €

Anne est fatiguée : à la cinquantaine, "remerciée" de son travail, elle se retrouve à devoir gérer Papa et Maman, alors que cette dernière montre un comportement de plus en plus inquiétant. Daniel, lui, n'a plus vraiment d'espoir quant à un rétablissement de sa femme, et se passerait bien des rappels à l'ordre de sa fille. L'ambiance est on ne peut plus tendue dans la maison de campagne : père et fille, notamment, semblent marcher sur une fine couche de glace... Rien que pour le pari (cette sorte d'impasse mexicaine à la campagne), Inventaire du matrimoine est un sacré premier roman qui mérite qu'on lui pardonne sa couverture un peu aride. Cette plongée dans la psychologie des personnages est tout bonnement passionnante : C. Grimand va vraiment jusqu'au bout de l'idée, et adapte avec brio son style pour retranscrire les différentes mentalités. Pour Edwige, par exemple, en proie à ses troubles neurologiques, c'est une rafale des phrases courtes (parfois non verbales, avec son lot d'expressions "puériles"), sa régression est assez terrible. Un regard éclairant sur la maladie, donc, et par-dessus un suspense !
Grimand, Coralie. - Inventaire du matrimoine. - Arléa, 1er/mille. - 245 p.- 19 €

POUR
« À nos fantômes qui ne sont jamais bien loin… » 1934, Sussex, Angleterre, Viviane Lambert, une Française qui n’a pas la langue dans sa poche, passe l’immense portail de Winnicott Hall, un magnifique manoir du XVIIIe siècle dont viennent d’hériter les Montgomery. Elle sera chargée de s’occuper, d’instruire et d’apprendre le français à George, leur fils de 10 ans, aveugle de naissance. C’est dans cette immense demeure qu’elle séjourne et prend peu à peu ses repères. En sa compagnie, nous découvrons la vie « des heureux héritiers » de cette somptueuse maison, ainsi que le quotidien de ceux qui travaillent à leur service, (petite pensée pour Downton Abbey !). Mais il semblerait que cette demeure chargée d’histoire n’abrite pas que les vivants… Apparitions, pièce secrète, déplacements d’objets et séance de spiritisme donnent à ce roman, un brin gothique, une atmosphère bien mystérieuse.On apprécie la belle complicité entre Viviane et George, ainsi que les dialogues pleins d’humour des différents protagonistes. Une écriture romanesque qui nous transporte vers une autre époque où ces personnages inoubliables deviendront nos fantômes...

CONTRE
Direction le Sussex, en Angleterre, où nous suivons Vivianne, une préceptrice française, à l'attitude et au franc-parler peu ordinaires, qui arrive au manoir de Winnicott Hall en 1934 pour s’occuper de George, un jeune aveugle doté d’un grand sens de la répartie. Alors que nos deux principaux protagonistes apprennent à s’apprivoiser, des événements étranges surviennent : des portes se ferment toutes seules, des tableaux se balancent sur les murs, des meubles se déplacent et bien plus encore… L’histoire commençait plutôt bien avec une atmosphère très anglaise : l’arrivée de la nouvelle préceptrice dans la brume, les personnages (serviteurs et famille aristocrate) bien campés, un peu de mystère. Malheureusement, l’intérêt s’est vite dissipé et l’ennui est apparu au cours des longues 500 pages. Les spectres ne font peur qu’aux personnages et il n’y a pas vraiment d’intrigue. L’histoire manque de rythme et de souffle. Bref, je crois que je suis passée à côté car les critiques sont plutôt bonnes et même souvent dithyrambiques.
Manchette, Ludovic / Niemiec, Christian. - À l’ombre de Winnicott. - Cherche Midi. - 496 p. - 22,50 €

Changement de style et de décor, ce livre n’est ni un polar, ni en Mongolie. C’est un roman historique entre Clamart et Meudon ! Il vaut surtout par la très bonne reconstitution des années 60 et de ses mentalités, à travers les aventures d'un jeune homme cultivé surnommé "Sorb" qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Ce jeune intello est un peu en décalage, tiraillé sa famille très modeste et ses copains un peu voyous. Dans cette banlieue désœuvrée, les jeunes s'ennuient, il n'y a rien à faire, sauf se retrouver entre amis et faire des bêtises plus ou moins importantes... Sorb prétend devenir journaliste, est très amoureux d'une jeune bourgeoise mais ne s'engage pas, et partira en Afrique pour se faire oublier. Il est incapable de montrer sa reconnaissance à son père qui a tout sacrifié pour lui permettre de s'élever dans la société. Ce n’est pas un mauvais garçon, mais il se laisse balloter, sans prendre son destin en main. Roman noir écrit à la première personne, d'une plume alerte et soignée. Un roman plein de nostalgie. La reconstitution historique est soigneusement travaillée et le contexte politique n'est pas oublié, c'est toute une atmosphère qui nous rappelle ces années. Le style, souvent familier ou argotique, passe bien, contrairement à certains livres.
Manook, Ian. - Le pouilleux massacreur. - La manufacture des livres. - 315 p. - 19 €

Génial phénomène que Bernard Mélois ! Pendant des décennies, ce plasticien breton a transformé des objets de récupération en tôle émaillée pour signer des sculptures franchement remarquables. Seulement voilà, il décline… Et il souhaite partir sur une grande fête, il refuse qu’on lui consacre un enterrement classique : cercueil "customisé", événement pharaonique... Ce livre est le récit des derniers jours et des suivants, par sa fille Clémentine, elle qui a marché dans ses pas, devenant à son tour plasticienne. Souvenirs et fragments de discussions apportent une douceur à ce vibrant hommage. L’humour et l’originalité du père transpire dans ces pages, et Clémentine ne manque pas d’anecdotes farfelues à nous raconter. Et si le deuil est bien le sujet du livre, on sortira de cette lecture avec le sourire aux lèvres. Pour le lecteur, Bernard devient comme un ami, tant il est attachant, et on se réjouit qu’il ait eu une famille aimante pour l’entourer dans ses derniers moments. Attendrissant !
Mélois, Clémentine. - Alors c’est bien. - Gallimard, L’arbalète. - 202 p. - 19,50 €

Suite de Darwyne, dix ans plus tard. On retrouve l'assistante sociale qui élève seule son fils Wallace. Les relations entre eux sont tendues. Mathurine rencontre le père d'une adolescente découverte morte. Les souvenirs remontent alors : elle n'a jamais surmonté sa disparition de Darwyne, un des enfants dont elle avait la charge pour l’aide sociale à l’enfance. De plus, l’esprit du Maskilili pourrait bien régner dans la forêt guyanaise… Peu à peu, Mathurine délaisse Wallace, sentant la présence de Darwyne qu’elle essaie de retrouver. Elle rencontre Tiburce, le père de la jeune fille. Au fil des chapitres, ils semblent un peu attirés mais il veut en savoir plus sur sa fille. Qui est responsable des différentes disparitions ? Un jour, Mathurine s’absente et son fils se retrouvera seul à la maison. La mère va au bout d'une folie pour pénétrer au plus profond de ces lieux, au risque de perdre son lien avec son fils. C. Niel nous fait de nouveau partager son amour de la nature, luxuriante, mais dangereuse. La forêt amazonienne impénétrable peut vite tourner au cauchemar. Celle-ci prend la dimension d'un personnage à part entière avec toutes ses créatures étranges, les odeurs, les bruits... Un roman encore dépaysant et réussi, tout comme sa couverture !
Niel, Colin. - Wallace. - Le Rouergue. - 329 p. - 22 €

Astrid quitte le peu qui lui reste pour s'installer en montagne, dans le Mercantour. Elle porte les cicatrices d'un drame. Elle prend sous son aile Soraya, une jeune Syrienne, sauvée de justesse, qui a traversé les montagnes pour trouver refuge en France. Elle aussi n'a plus rien, si ce n'est cet enfant qu'elle porte en elle, et dont elle ne désire aucunement. Toujours est-il jusqu'à ce qu'elle puisse reprendre des forces pour affronter l'administration, elle doit rester cachée chez Astrid. Dans ce récit d'une "sororité pudique", on s'attache sans peine à ces deux femmes qui vont tenter de se guérir l'une l'autre malgré le monde, "les montagnes" qui les séparent. Quelques personnages charmants les rejoindront, comme Ida, la céramiste du coin, très débrouille, ou Max, un jeune qui fait du bien à Soraya en lui parlant dans sa langue natale. A mon avis, on verse peut-être un peu trop dans les "bons sentiments" : les dialogues ne m'ont pas toujours paru très naturels (nos protagonistes ne pouvant dialoguer dans leur langue natale, ça s’explique). Mais en même temps, cela aurait pu être laborieux autrement. Les touches de nature writing et de poésie sont, elles, vraiment réussies. Pour moi, pas tout à fait un coup de cœur, donc, mais j'ai passé un captivant (et bouleversant) moment. Le roman a par ailleurs fait une très forte impression à plusieurs de nos collègues du réseau qui ont décidé d’inviter l’auteure !
Pavlenko, Marie. - Traverser les montagnes et venir naître ici. - Les Escales. - 342 p. - 21 €

Prix Talent Cultura
Le 24 février 2022, Kiev est bombardée : la Russie déclare la guerre à l’Ukraine qui bascule dans l'horreur. La population fait face avec fierté et conviction. Des vies sont chamboulées, amputées, détruites, la mort est partout. Malgré tout, l'espoir demeure et aide à survivre. Dmytro et Svitlana, danseurs étoiles de l'opéra de Kiev, voient leur univers s’effondrer. Lui devient soldat, sans formation, avec des moyens dérisoires. Svitlana, devenue secouriste, sauve les blessés. Remonter sur scène a-t-il un sens ? Pourtant, les danseurs choisissent l’art comme arme de résistance, la danse apaise un peu les traumatismes. L’autrice conte avec humanité la descente aux enfers d’un pays, entre la danse et les bombes. Tout est minutieusement décrit, stupeur, peur, bruit insoutenable même cachés dans la cave et l’incompréhension de ce conflit à notre époque. On est happé, c’est criant de justesse, chaque phrase nous percute comme un obus. La plume de Stéphanie Pérez est visuelle et sans pathos. Elle sait nous faire vivre avec beaucoup d’intensité les émotions et le courage de ceux qui refusent d’abandonner. Ce livre démontre à nouveau le rôle primordial de l'art qui représente un socle sur lequel s'appuyer pour continuer à vivre, le pouvoir de l'art comme porteur d'espoir. Une lecture bouleversante, pleine d'humanité, à lire d’une traite, en apnée !
Perez, Stéphanie. - La ballerine de Kiev. - Récamier. - 247 p. - 21 €

L’héroïne d’Oser sortir et crier n’a pas de nom, c’est « Elle ». A 10 ans, un événement traumatique a brouillé son identité. Pourra-t-elle se réinventer grâce à sa passion du théâtre ? Sa rencontre avec le texte « Agatha » et son auteur Marguerite Duras aura-t-elle l’effet cathartique escompté ? Bien des années plus tard, comment oser dénoncer l'innommable, s'opposer au déni familial, accepter d'être ostracisée par ses proches pour enfin se retrouver ? Un récit de vie très touchant, autobiographie d'une résilience complexe, d'un rapport aux hommes abîmé. La seule petite réserve concerne le style qui parfois affecté nous tient à distance.
Perineau, Fabienne. - Oser sortir et crier. - Récamier. - 219 p. - 20 €

Le plan de Sally était de vider le coffre et disparaître avec l’argent. C’était d’une simplicité déconcertante… L’histoire se déroule dans l’Illinois, au sein d’un lotissement. Nous faisons la connaissance du narrateur, Barnett Trapp, un type un peu lâche et alcoolique dont la société est en faillite. Il essaie désespérément de se refaire en vendant des produits d’entretien qu’il stocke dans son entrepôt. Sa femme Josefa demande le divorce et Spencer, le nouveau compagnon de celle-ci vient régulièrement récupérer des affaires et rôder autour de la maison. Et puis il y a « Sally », la femme du voisin qui est très belle et qui passe son temps en maillot de bain sur le bord de sa piscine. Ils s’observent tous les deux et finissent par devenir amants. Jusqu’au jour où Sally annonce à Barnett que son mari à un coffre-fort dont elle connaît la combinaison… Yves Ravey nous immerge dans une atmosphère étrange qui n’appartient qu’à lui. Toujours cette écriture cinématographique où évoluent des personnages peu attachants et sans aucune moralité. On observe de loin leurs comportements et l’on tombe dans une histoire hasardeuse où dès le début on devine le « mauvais plan »!
Ravey Yves. - Que du vent. - Minuit. - 122 p. - 17 €

Ce récit débute en 1741 quand le naturaliste Georg Wilhelm Steller rejoint la Grande Expédition du Nord. Cette mission d’exploration et de recherche scientifique, menée par le capitaine Vitus Béring, a pour objectif d’ouvrir une route maritime entre l’Asie et l’Amérique. Les navires partis de Russie n’atteindront jamais le continent américain, mais Steller fera une découverte singulière : une nouvelle espèce de mammifère marin, connue aujourd’hui sous le nom de rhytine de Steller. En 1859, le gouverneur de l’Alaska envoie des hommes à la recherche de cette vache de mer, dont le dernier spécimen a été aperçu cent ans plus tôt. Au cours des trois parties qui constituent cet ouvrage, nous suivons le cheminement des restes osseux de cette espèce de mammifères qui a disparu avec l’expédition demandée par Alexander von Nordmann (Finlandais suédophone, sujet de l’empire russe, 1803-1866) sur la côte sud-est de l’Alaska et également dans la collection du professeur Bonsdorff au département d’anatomie de l’Université impériale Alexandre. C’est donc à travers l’histoire des hommes et des femmes dont le destin a été mêlé à celui de cet extraordinaire mammifère marin que le lecteur peut plus facilement s’identifier au sort de celui-ci et réaliser à quel point les facteurs qui ont causé la perte de la rhytine au XVIIIe siècle sont toujours bien présents à notre époque. L’autrice, dont c’est le premier roman, démontre la cupidité, la bêtise et l’ignorance dont est coupable l’espèce humaine et la responsabilité qu’elle a dans la disparition de milliers d’espèces ; « comme trois cent soixante-quatorze autres êtres vivants classés disparus au cours de la rédaction de cet ouvrage ». Intéressant d’un point de vue historique sur l’histoire coloniale et les découvertes scientifiques.
Turpeinen, Iida. - A la recherche du vivant. - Autrement. - Traduit du finnois. - 291 p. - 22,50 €

Le roman s'ouvre sur une scène fascinante : le personnage principal, Cléo, chanteuse célèbre, à l'apogée de sa carrière, vit isolée sur une île déserte. Ce choix surprend : pourquoi une femme qui a tout sacrifié pour la célébrité choisirait-elle de s'exiler, loin des caméras et du public qui l'adule ? Que cherche-t-elle en se retirant du monde ? Ce mystère est au cœur du roman. Au fil des pages, nous remontons dans le temps et suivons le parcours de Cléo, depuis son enfance jusqu'à ce sommet de gloire pour tenter de répondre à cette situation d’ouverture. Cléo est présentée comme une enfant atypique, en décalage avec ses camarades. Elle admire les icônes mondiales comme Britney Spears ou Beyoncé, mais elle ne rêve pas seulement de les égaler, elle veut les surpasser et pour y arriver, elle est prête à tout faire, à tout sacrifier. La célébrité n'est plus seulement un rêve, c'est un piège, une obsession. Ce qui fait la force de ce roman, c'est l’exploration minutieuse des rouages de la célébrité. Cléo, par son intelligence froide et son ambition sans bornes, nous captive et nous déstabilise. On l'admire autant qu'on la déteste. Ses succès nous transportent mais son narcissisme grandissant nous glace. Au final, ce deuxième roman est incontestablement plaisant, mais ne décolle pas au-delà du simple divertissement pour moi. Peut-être que je le compare trop à son roman précédent, Mon mari, que j’avais trouvé vraiment magistral dans sa radiographie au scalpel de l'amour conjugal.
Ventura, Maud. - Célèbre. - L’iconoclaste. - 540 p. - 22 €